Accaparement des terres agricoles

L’ingénierie parlementaire a bien des caractéristiques sauf celle de la démocratie. Ainsi je ne pourrai m’exprimer en séance sur le scandale de l’accaparement des terres agricoles. Un sujet que je suis pourtant avec assiduité depuis plus de trente années. Une expérience qui me permet de dire combien la Vème République a assassiné l’agriculture comme la paysannerie de notre pays.

La première des évidences c’est qu’un paysan devrait pouvoir vivre de son métier. J’insiste, en pleine conformité avec le fonctionnement naturel des sociétés, si la subvention d’Etat et la mondialisation libertaire n’avaient pas présidé aux décisions agricoles chaque exploitation et chaque travailleur agricole pourraient vivre décemment de son labeur. Mieux, il n’y aurait pas plus d’un million d’agriculteurs soumis à des retraites affligeantes. Je l’ai d’ailleurs dit à plusieurs reprises la semaine passée lors du débat parlementaire sur les pensions agricoles.

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L’accaparement des terres agricoles est un titre piégé. Il désigne toute appropriation, légale, d’une terre agricole pour un autre propos que son exploitation agricole. Or, il faudrait préciser : l’appétit des sociétés étrangères ne peut pas être comparé à l’entreprenariat enraciné à l’œuvre sur certaines parcelles. Par ailleurs, ce débat ne peut être séparé de la gestion des cadastres qui pose historiquement problème dans nos campagnes.

Le foncier agricole doit donc être envisagé dans sa complexité : trop concentré par endroit, il diverge dans ses caractères en fonction de nos régions. L’exploitation intensive n’a en effet que peu de similarités avec la viticulture. De même, une parcelle à Gigondas n’est pas comparable à un champ abandonné dans le Quercy. Il convient donc d’associer prioritairement les acteurs locaux et les paysans eux-mêmes à cette réflexion.

La transparence dans les opérations foncières, la capacité paysanne et communale d’influer les projets mis en œuvre, et enfin le retour à une agriculture et une distribution locale plutôt qu’à une organisation globale sont les solutions à mettre en œuvre. Ni le communisme des terres, ni la marchandisation des terroirs n’aideront nos paysans.

 

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