Mediator : l’Etat coupable !

L’affaire du Mediator revient sur le devant de la scène. A l’origine de ce retour ? La découverte de nouvelles preuves quant à l’absence de réactivité de l’Etat face à la dangerosité du médicament des laboratoires Servier.

Commercialisé de 1976 à 2009, le Mediator est destiné aux diabétiques en surpoids. Consommé par près de 5 millions de Français, il a engendré la mort de 500 à 1000 patients. Le 13 décembre 2010, l’enquête ouverte n’avait qu’un objectif : dédouaner les autorités sanitaires et politiques, quitte à entériner la mauvaise réputation des laboratoires Servier. Car en plus de ne pas publier ses comptes et de disposer d’un portefeuille de médicaments plus que contestables, le laboratoire dispose de privilèges (taux de remboursement particulièrement profitable) … et de relations haut placées dans le monde politique.

Face aux effets secondaires néfastes (valvulopathies, soit des atteintes des valves cardiaques), le médicament est retiré du marché et une enquête ouverte pour évaluer sa dangerosité. Du côté des autorités de santé, aucune alerte concernant le suivi du système cardiaque des victimes potentielles du Médiator n’est prononcée. Mieux encore : Gérard Kouchner, frère d’un Bernard Kouchner connu pour sa proximité avec ledit laboratoire, assure dans les colonnes du Quotidien du Médecin : « à ce jour, [ndlr. en juin 2010] aucun lien de causalité direct n’a été démontré entre la prise du médicament et les valvulopathies ».

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Il faudra pourtant un an aux enquêteurs pour ouvrir les portes de l’Agence du Médicament et s’étonner du silence assourdissant de la part des autorités sanitaires quant à la gravité de l’affaire. Car après avoir perquisitionné les laboratoires Servier à plusieurs reprises, les enquêteurs n’ont d’autres choix que de se tourner vers cette officine chargée de mesurer les risques suscités par la prise de certains médicaments. La récolte est bien maigre (trois courriels saisis au sein de l’Agence, sur les 1000 faisant état de l’affaire). Une enquête bien ténue, qui se fait l’écho de la protection dont bénéficie tout à coup l’Agence.

Pourtant, en 1999, l’Agence du Médicament avait reçu une note du professeur Bechtel, soulignant que « compte-tenu des données disponibles, il est difficile de montrer [que le Mediator ne comporte] pas de risques ». Pourtant, en 2011, Catherine Rey-Quinio, médecin qui travailla un temps au laboratoire Servier, avait tenté de faire le jour sur « ce qui se passait en interne ». Face aux lourdes responsabilités qui semblent peser sur l’Agence du Médicament, l’Etat ne paraît pas prêt à reconnaître sa culpabilité. Et parmi les scellés retrouvés, la note datée du 9 mars 2011, en souligne la raison, tant la déclaration risquerait de porter préjudice aux autorités sanitaires : « Si la responsabilité de l’Etat est recherchée, elle sera probablement intégrale et non pas partagée avec les laboratoires », y découvre-t-on. Irresponsabilité de l’Agence du Médicament. Insouciance du laboratoire Servier : quelle officine fut la plus irresponsable en cette affaire?

Jacques Bompard a écrit au Ministre des Affaires Sociales et de la Santé afin de l’interpeller sur ce nouveau scandale sanitaire. Retrouvez ci-dessous sa lettre ouverte.

13.03.2017. Lettre ouverte à M. Touraine-page-001

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